« saint Thomas d’Aquin dans sa « Primera secunde », la Somme Théologique de saint Thomas contient une partie qui se nomme la Première de la seconde partie « primera secunde », la question 90 étudie la loi et la définit ainsi : « La loi est une prescription de la raison, dans l’ordre du bien commun, promulguée par celui qui a soin de la communauté ».
C’est bref, mais ici nous avons quatre éléments d’une loi véritable. Prescription de la raison, ordinatio rationis, cela veut dire qu’elle ne doit pas être le fruit de l’arbitraire ou du caprice. Les païens distinguaient déjà cet élément rationnel de la loi, de l’élément capricieux du dictateur qui prononce cette phrase fameuse : Sic volo, sic juevo, sic pro ratione voluntas, qui signifie : « Ainsi, je l’ordonne, ainsi je le veux, pour l’unique raison que je le veux ». Cela n’est pas rationnel. L’homme est régi par la raison, non par l’arbitraire et le caprice. C’est pourquoi la première caractéristique d’une loi est d’être rationnelle, ordonnée à la raison.
Deuxièmement, orientée vers un authentique bien commun. Ce n’est pas aux bons désirs d’un gouvernement ou d’un groupe privilégié à qui revient le droit de façonner des lois pour continuer d’opprimer. Les lois doivent être édictées selon la recherche du bien commun afin que tous puissent reconnaître en cette loi la recherche du bonheur, du bien, de la liberté et de la dignité de tous, riches et pauvres.
Troisième élément : « Dictée par celui qui a soin de la communauté ». Ou encore, que celui qui édicte les lois doit se sentir mandataire de la communauté, parce que la communauté entière ne peut se doter elle-même de lois, c’est pourquoi elle nomme quelqu’un à cette fin, un représentant, une assemblée législative, les législateurs et les gouvernants qui doivent se sentir comme l’écho de la communauté, parce qu’uniquement s’ils sont l’écho de la communauté, leur volonté aura force de loi.
Finalement, quatrième élément, qu’elle « soit promulguée ». La loi est une mesure et la mesure n’est seulement efficace que lorsqu’elle s’applique à l’objet que l’on vise. C’est pourquoi, si une loi est faite pour le bien d’une société, elle doit être promulguée, être donnée à cette communauté pour qu’elle soit connue, analysée et acceptée, c’est alors qu’elle devient loi. C’est alors seulement que nous pouvons dire qu’une loi donnée par les hommes est le reflet de la loi naturelle, parce que seule la loi naturelle est la source de toute loi.
C’est pourquoi saint Thomas dans un autre article dit ceci : « La loi qui n’est pas juste, ne doit pas être appelée loi. » Mgr.Oscar Romero 27 Nov.1977